Ghannouchi: la Tunisie n’a jamais été un Etat laïque
Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha a déclaré dans une interview accordée au journal argentin "La nation" que la Tunisie n'a jamais été un état laïque.
Il a noté que la Constitution tunisienne depuis l'indépendance a noté que la Tunisie est un pays musulman mais d'une façon timide.
Il a noté que le mouvement Ennahdha devait faire face avec la réalité et s'adapter. Chaque pays passe par des conditions spécifiques et il a donc son propre modèle. En Turquie la laïcité a été imposée auparavant. Actuellement, il y a des tentatives de changement, a-t-il déclaré.
Concernant le terme de l'islam démocrate, Ghannouchi a expliqué que la façon d'assurer la différence et la rupture avec l'islam violent de Daech qui considère la démocratie comme un péché. "Nous insistons sur l'explication de l'islam selon les principes de la démocratie. L'islam démocrate veut dire accepter le cadre politique de l'Etat et non pas la khilafa. Nous voulons aussi assurer notre loyauté pour la nation. Une nation qui compte sur le principe de la citoyenneté et les droits. Des droits qui concernent les musulmans et les non musulmans. Une nation où les hommes et les femmes ont les mêmes droits", a indiqué le président du mouvement Ennahdha.
Le président du mouvement Ennahdha a noté qu'il y a d'autres partis qui partagent la vision du mouvement dont les partis de la justice et du développement au Maroc et en Turquie.
Dans un autre contexte, Ghannouchi a éloigné le risque de l'éclatement d'une nouvelle révolution. Il a indiqué que la révolution a été déclenchée à cause de l'existence de deux crises en même temps: une crise économique causée par la corruption et politique causée par la tyrannie.
Nouvelle révolution
Dans cette interview, le président du mouvement Ennahdha a parlé de l'existence d'un sentiment de déception au pays car pas mal de choses n'ont pas changé dans la vie des gens. "Les tunisiens ont de grandes ambitions mais leurs capacités sont limitées. La situation régionale surtout en Libye fait partie du problème car ce pays voisin est un marché d'exportation principal pour nous… Avant le conflit, un demi million de tunisiens travaillaient en Libye. Ils sont tous rentrés. Ceci a participé à l'augmentation des taux de chômage et le terrorisme a frappé l'industrie du tourisme. Pour répondre aux réclamations sociales, l'Etat a dépensé beaucoup. Nous vivons actuellement grâce aux crédits internationaux".
Rached Ghannouchi a fait savoir aussi que la démocratie est un des fondements de l'islam qui n'a pas imposé le jihad pour imposer la religion, mais pour libérer les peuples opprimés même s'ils ne sont pas musulmans. Il a noté qu'il y a des extrémistes qui ont compris le jihad d'une façon erronée.